A la manif pour tous, en descendant les Champs Elysées, j’aperçois un visage connu. En effet, nous avons travaillé ensemble sur le chantier du Pont de Normandie il y a vingt ans.
Lui s’occupait des méthodes sur la rive gauche, moi j’étais chef de chantier rive droite.
On s’était croisé deux ou trois fois Chez Catherine, le resto situé derrière le port de plaisance de Honfleur, à côté de l’église en bois, octogonale et éponyme.
Nous avions bien rigolé ensemble et le courant des grands travaux passait bien entre nous.
J’essaie de me souvenir son nom. Impossible. Beaucoup d’eau douce a coulé depuis vers l’Atlantique sous notre beau pont haubané.
Je crie dans sa direction : « Hey, Oo, l’homme des méthodes du Pont de Normandie ! »
Une foi, deux fois, sans succès. J’essaie d’avancer vers lui mais les colonnes de manifestants sont denses et je n’y parviens pas.
Il s’éloigne maintenant, entrainé par la foule. Mais pour un bref instant, nos regards se croisent. Son visage s’éclaire d’un coup et me fait des signes avec les deux mains. Apparemment lui non plus il ne se souvient plus mon nom, car il ouvre la bouche sans mot dire.
Puis on se perd de vue. Mince alors, je me dis, avec un peu de chance on va se croiser à nouveau dans trente ans, dans ce monde, peut-être ?
Si je me souvenais son nom, j’aurais pu essayer de le retrouver sur Facebook, mais là, rien à faire
A moins d’essaier Contact-l : http://www.contact-l.fr
